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Angélus: le chrétien doit dire « non » au mal et « oui » au bien
Ambiance digne des JMJ ce dimanche 12 août Place Saint-Pierre, où plus de 70 000 jeunes Italiens étaient rassemblés pour la conclusion d’un pèlerinage organisé en vue du prochain synode qui leur sera consacré en octobre. Après une messe présidée par le cardinal Gualtiero Bassetti, président de la conférence épiscopale italienne, les jeunes ont prié l’Angélus avec le Pape François, qui les a exhortés avec force et insistance à dire «non» au mal et «oui» au bien. Lire la suite
L’intention de prière du Pape pour les familles
Angélus : trouver la joie dans le grand amour de Dieu envers l’humanité
Quatrième méditation des Exercices spirituels: contre l’acédie, aimer comme Jésus
L’acédie, la perte de la saveur de vivre, était au centre de la réflexion, ce mardi matin, du père José Tolentino de Mendonça, le prédicateur des Exercices spirituels de Carême pour le Pape et la Curie romaine à Ariccia. Pour commencer ce troisième jour de prédication, il a rappelé que l’acédie, parfois, nous assaille et nous rend malade. C’est, au fond, le contraire de la soif, fil conducteur de ces méditations.
«Quand nous renonçons à la soif, alors nous commençons à mourir. Quand nous nous désistons du désir, du fait de prendre goût aux rencontres, aux conversations, aux échanges, à la sortie de nous-mêmes, aux projets, aux travaux, à la prière elle-même. Quand notre curiosité pour l’autre et notre ouverture à l’inédit diminuent, tout sonne comme un air de déjà-vu que nous ressentons comme un poids inutile, incongru et absurde, qui nous écrase.»
Il semble alors que la vie que “moi je vis” soit celle d’une autre personne, rappelait Kierkegaard, alors qu’Évagre le Pontique, parlait du «démon de l’acédie» et Cassien parlait des conséquences dans la vie du moine : en substance, une insatisfaction profonde, qui mène à la perte de l’enthousiasme. L’exhortation Evangelii Gaudium met en garde contre la «psychologie de la tombe», qui amène à s’attacher à une tristesse douceâtre.
Les états dépressifs ne se soignent pas seulement avec des médicaments
Le monde contemporain «a médicalisé l’acédie, en l’affrontant comme une pathologie qui se traite du point de vue psychiatrique». «Même dans un cadre clinique, il est évident que l’acédie ou les états dépressifs ne peuvent pas être soignés seulement avec les pastilles mais doivent impliquer dans le soin la personne entière», a expliqué le père Tolentino. «Il y a beaucoup de souffrances cachées dont nous devons découvrir l’origine, qui s’enracine dans le mystère de la solitude humaine».
Le burn-out : un épuisement émotionnel
Il y a ensuite un autre problème «qui s’étend toujours plus» : le burn-out, qui signifie littéralement «se brûler», un épuisement émotif, qui peut frapper aussi les prêtres. En général, quand on se sent abandonné, il reste seulement un vide que certains remplissent avec de faux palliatifs comme la mondanité, l’alcool, les réseaux sociaux, le consumérisme, ou l’hyperactivité. Il y en a qui portent les blessures de luttes ou d’échecs, ou d’autres qui portent celles de l’abandon ou d’abus remontant à quand ils étaient enfants, d’autres qui portent celles de la pauvreté économique ou de la guerre.
Jonas, Jacob et le jeune homme riche
Deux figures peuvent faire comprendre cette dynamique. Dans l’histoire de Jonas, on voit comment notre rapport à Dieu est souvent un dialogue de sourds dans lequel on n’entend rien parce que l’on est «rétif au contenu de la volonté de Dieu», à la logique de sa miséricorde. Jacob, en revanche, lutte avec Dieu jusqu’à l’aube. En lui, il y a un désir de vie, alors que Jonas est capricieux, il entre en collision avec le désir de vie de Dieu qui veut introduire tout le monde dans une relation existentielle nouvelle. La tristesse liée à l’acédie rappelle ensuite celle du jeune homme riche, qui obéissait à tous les commandements, mais qui, à l’heure décisive, a préféré conserver ses biens au lieu de l’aventure ouverte de vivre dans la confiance : «Il n’est pas rare que notre tristesse provienne de cette incapacité», a remarqué le prédicateur portugais.
La question du désir
Il faut donc faire un examen de conscience sur la dévitalisation du désir : le problème n’est pas toujours l’excès d’activité mais de ne pas avoir les motivations adéquates.
La réponse à tout cela, c’est Jésus. Le lien avec Lui passe nécessairement par la configuration dans la Passion : «Notre cœur murit dans cette capacité d’arriver au point de souffrir pour ceux qui s’aiment à sa manière». Dans la parole de l’épouse de l’Apocalypse, «viens», se révèle le besoin profond que l’Église éprouve en relation avec la venue de l’Esprit, comme le mettait en relief aussi Simone Weil.
«Dans cette parole il y a la trace de tout ce dont nous avons besoin, la raison de notre cri, la raison de notre espérance, et, souvent, la raison de notre désespoir, de notre échec, de notre fatigue, et la nécessité de surmonter tout cela en Dieu. Celui auquel nous disons « viens ! » est le même qui nous dit : “Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et oppressés, et je vous donnerai le repos. Prenez mon joug sur vous et apprenez de moi.”»
Debora Donnini – Cité du Vatican
Arrête-toi pour regarder et contempler, exhorte le Pape lors de l’entrée en Carême
Dans son homélie, François a rappelé que «le temps du Carême est un temps favorable pour corriger les accords dissonants de notre vie chrétienne et accueillir l’annonce de la Pâque du Seigneur toujours nouvelle, joyeuse et pleine d’espérance».
Il a regretté que «face aux vicissitudes quotidiennes, profitant de la souffrance et de l’insécurité, se lèvent des voix qui ne savent que semer la méfiance. Et si le fruit de la foi est la charité – comme aimait le répéter Mère Térésa de Calcutta -, le fruit de la méfiance est l’apathie et la résignation».
Le Pape est alors revenu, sous forme d’une longue anaphore, sur trois expressions «qui nous sont offertes pour “réchauffer le cœur du croyant” : arrête-toi, regarde et reviens».
Arrête-toi
C’est une exhortation à ne pas se laisser emporter par le tourbillon de la société que lance le Pape en déroulant son anaphore débutant par «arrête toi». «Laisse cette agitation et cette course insensée qui remplit le cœur de l’amertume de sentir que l’on n’arrive jamais à rien».
«Arrête-toi, laisse cette injonction à vivre en accéléré qui disperse, divise et finit par détruire le temps de la famille, le temps de l’amitié, le temps des enfants, le temps des grands-parents, le temps de la gratuité… le temps de Dieu.»
Le Pape invite donc en creux à ne pas oublier «la valeur de l’intimité et du recueillement», «la tendresse, la compassion et le respect dans la rencontre des autres, en particulier de ceux qui sont vulnérables, blessés et même de ceux qui sont empêtrés dans le péché et l’erreur».
François nous incite à ne pas oublier la gratitude face au don de la vie et à tant de bien reçu, «à aller à la rencontre des autres pour partager les fardeaux et les souffrances». Il nous pousse à retenir l’essentiel et à rejeter «ce qui est immédiat, momentané et éphémère, qui nous prive de nos racines, de nos liens, de la valeur des parcours et du fait de nous savoir toujours en chemin».
Regarde et contemple
Le Pape demande aussi d’ouvrir les yeux pour regarder «les signes qui empêchent d’éteindre la charité, qui maintiennent vive la flamme de la foi et de l’espérance». Il nous demande aussi d’être attentifs à «nos familles qui continuent à miser jour après jour, avec beaucoup d’effort […] pour faire de leur maison une école de l’amour» ; à nos enfants et aux jeunes, «germes vivants de l’amour et de la vie qui se fraient toujours un passage au milieu de nos calculs mesquins et égoïstes» ; à nos anciens, «visages de la sagesse agissante de Dieu».
Le Pape n’oublie pas non plus les malades et ceux qui s’en occupent et qui «nous rappellent que la valeur de chaque personne ne peut jamais être réduite à une question de calcul ou d’utilité». Enfin, le Pape nous exhorte à regarder le visage de Jésus, «invitation pleine d’espérance de ce temps de Carême pour vaincre les démons de la méfiance, de l’apathie et de la résignation».
Reviens
Dernier point abordé par le Pape : le retour vers la Maison du Père, de Notre Père. Il faut le faire sans peur. Le Carême est le temps favorable pour revenir, pour se laisser toucher le cœur. «Rester sur le chemin du mal n’est que source d’illusion et de tristesse» affirme ainsi le Pape qui nous invite à «faire l’expérience de la tendresse de Dieu qui guérit et réconcilie».
Xavier Sartre – Cité du Vatican
Le Pape François s’inscrit officiellement pour les JMJ de Panama
Nouvel an lunaire
Angélus : c’est le péché qui rend impur, pas la maladie
Comme la première lecture de ce dimanche, tirée du Lévitique, le montre, la lèpre était considérée comme une «grave impureté», et elle impliquait que le lépreux se sépare de toute la communauté et vive à l’écart. «Sa condition était vraiment pénible, note le Pape, parce que la mentalité de l’époque le faisait se sentir impur devant Dieu et devant les hommes».
La compassion et l’audace de Jésus
Le lépreux, dont parle l’Evangile de Marc, rencontre Jésus et le supplie : «si tu le veux, tu peux me purifier !». Devant ce cri, Jésus ressent de la compassion. «On ne peut comprendre l’œuvre du Christ, on ne peut comprendre le Christ lui-même, si l’on n’entre pas dans son cœur rempli de compassion», a affirmé François. Jésus touche donc le lépreux, en lui disant : «je le veux, sois purifié». Ce geste est spectaculaire et bouleversant: la loi mosaïque interdisait en effet de toucher toute personne atteinte de cette maladie, au risque de se voir également devenir impur. Mais dans ce cas, observe le Pape, le mouvement ne va pas du lépreux vers Jésus pour le contaminer, mais bien de Jésus vers le lépreux, pour le purifier. Le Saint-Père insiste sur l’audace du Christ, qui n’a cure des prescriptions ou de la contagion, mais qui est seulement «mû par sa volonté de libérer l’homme de la malédiction qui l’opprime».
«Veritatis Gaudium»: Les universités et facultés catholiques appelées à une révolution culturelle
Le Pape François a promulgué ce lundi 29 janvier une nouvelle constitution apostolique. Intitulée Veritatis gaudium, la «joie de la vérité», elle concerne les universités et les facultés ecclésiastiques. Dans ce texte d’une soixantaine de pages, le Souverain pontife invite ces structures d’enseignement à s’adapter aux changements culturels contemporains, conforme à la transformation missionnaire d’une Église «en sortie».
C’est à une révolution culturelle qu’appelle le Pape François à travers ce texte. Jusqu’ici, les universités et facultés ecclésiastiques (comme les universités pontificales), chargées de former prêtres et théologiens étaient régies par la constitution Sapientia Christiana de 1979 de Jean-Paul II. Mais «à presque quarante ans de distance, une mise à jour de cette Constitution Apostolique est aujourd’hui nécessaire et urgente», note François.
Aujourd’hui, explique-t-il, il est temps de procéder «à la promotion, à tous les niveaux, d’une relance des études ecclésiastiques dans le contexte de la nouvelle étape de la mission de l’Église».
Dans le préambule de Veritatis gaudium, le Pape souligne longuement l’héritage de ses prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II ou Benoît XVI qui dans l’esprit du Concile Vatican II, ont pointé l’importance d’une révision des études ecclésiastiques, et l’adaptation d’un savoir et d’une formation aux nouvelles formes d’évangélisation. François rend ainsi hommage aux fruits qu’ont été les encycliques Populorum Progressio, Fides et Ratio ou Caritas in Veritate.
Dans la continuité apostolique, le Pape souligne que «le moment est venu où ce riche patrimoine d’approfondissements et d’orientations doit converger pour imprimer aux études ecclésiastiques ce renouvellement sage et courageux qui est demandé par la transformation missionnaire d’une Église «en sortie».
Pour François en effet, l’exigence prioritaire d’aujourd’hui est de se préparer «avec esprit» à une nouvelle étape de l’évangélisation, et dans cette perspective, le système d’études ecclésiastiques joue un rôle stratégique.
Une révolution culturelle courageuse
Les défis actuels sont immenses, poursuit François, «nous ne vivons pas seulement une époque de changements mais un véritable changement d’époque, marqué par une crise anthropologique et socio-environnementale globale», explique-t-il, citant Laudato Si. Ainsi, le monde universitaire ecclésiastique est appelé à une révolution culturelle courageuse.
Dans cette constitution, le Pape dresse le constat qu’il y a «besoin d’une véritable herméneutique évangélique pour mieux comprendre la vie, le monde et les hommes». Au niveau universitaire, la philosophie et la théologie, permettent d’acquérir des convictions qui fortifient l’intelligence, note encore François, mais tout ceci n’est fécond que «si on le fait dans un esprit ouvert et à genoux».
Le Pape propose ainsi quatre critères pour ce renouvellement des études ecclésiastiques. Le premier est avant tout le kerygme, la «nouvelle et fascinante joyeuse annonce de l’Évangile de Jésus». C’est le mystère du salut dont l’Église est le signe au milieu des hommes. De cet élément vital dérive l’expérience de vivre une Église comme «mystique du nous» écrit le Saint-Père, c’est-à-dire qui sait reconnaitre Dieu en chaque être humain. D’où l’impératif d’écouter dans le cœur et de faire résonner dans l’esprit le cri des pauvres et de la terre, pour rendre concrète la «dimension sociale de l’évangélisation».
Dialogue et culture de la rencontre
Le second critère est celui du dialogue, dans tous les domaines: ce que l’Évangile et la doctrine de l’Église sont aujourd’hui appelés à promouvoir, c’est bien une authentique culture de la rencontre. François invite ici à une profonde réforme du système d’études ecclésiastiques, que ce soit dans l’organisation des disciplines et des enseignements, des outils didactiques.
Cette réforme est nécessaire pour mettre en œuvre une évangélisation «qui éclaire les nouvelles manières de se mettre en relation avec Dieu, avec les autres et avec l’environnement».
Troisième critère mis en avant par le Pape: l’interdisciplinarité, qui doit être exercée «avec sagesse et créativité à la lumière de la Révélation.» Cette interdisciplinarité est à comprendre non seulement comme une meilleure compréhension de plusieurs points de vue d’un objet d’étude, mais de manière plus forte comme «disposition et fermentation de tous les savoirs dans l’espace de Lumière et de Vie, offert par la Sagesse qui émane de la Révélation de Dieu.»
Enfin le dernier critère que propose le Saint-Père est la nécessité urgente de «faire réseau»entre les diverses institutions qui, partout dans le monde, cultivent et promeuvent les études ecclésiastiques. En citant de nouveau son encyclique Laudato Si, François rappelle cette interdépendance «qui nous oblige à penser à un monde unique, à un projet commun». Cette perspective , note-t-il, assigne une tâche exigeante à la théologie ainsi qu’aux autres disciplines prévues dans les études ecclésiastiques.
Si la théologie doit, sans aucun doute être enracinée et fondée sur la Sainte Écriture et dans la Tradition vivante, cela doit aussi accompagner simultanément les processus culturels et sociaux, précise François.
Créer de nouveaux centres de recherche
Les études ecclésiastiques ne peuvent pas se limiter à transmettre des connaissances ou des compétences, «mais elles doivent développer la tâche urgente d’élaborer des instruments intellectuels capables d’être proposés comme paradigmes d’action et de pensée, utiles à l’annonce dans un monde marqué par le pluralisme éthique et religieux», explique encore le Pape dans ce nouveau texte. François invite à une amélioration de la qualité de la recherche scientifique et plaide pour la création de nouveaux centres de recherche, des pôles d’excellence interdisciplinaires.
Dans cette Église en sortie que le Pape appelle de ses vœux, la formation pédagogique et universitaire a toute sa place, et doivent courir le risque de cette nouvelle mission «vers l’extérieur».
«La théologie et la culture d’inspiration chrétienne ont été à la hauteur de leur mission quand elles ont su vivre de façon risquée et avec fidélité sur les frontières», analyse le Pape qui évoque un grand défi culturel, spirituel et éducatif. Une période «stimulante et fascinante, marquée par l’engagement à une configuration renouvelée et clairvoyante des études ecclésiastiques» et dans laquelle la foi joyeuse et inébranlable en Jésus crucifié et ressuscité, centre et Seigneur de l’histoire, nous est la meilleure aide.