C’est à Mgr François Gnonhossou, évêque de Dassa-Zoumé, qu’échoit l’honneur de présider la sainte Messe d’ouverture de la 3ème Assemblée de l’Union du Clergé Béninois de la Province ecclésiastique de Cotonou prévue pour se dérouler du 5 au 9 février au Centre National de Pèlerinage Marial (CENAPEM) de Dassa. A cette occasion, le prélat a prononcé une vibrante homélie afin d’introduire spirituellement les participants dans le déroulement de leurs assises.
Dans son homélie basée sur l’extrait de l’évangile selon saint Marc (Mc 7,1-13), Mgr François a réaffirmé l’identité de Jésus, le verbe de Dieu fait chair, comme le vrai Maître qui enseigne, interprète et donne le vrai sens à la Loi et aux commandements et celui qui éclaire les cultures par son enseignement. Il a indiqué la circonstance de l’Assemblée provinciale comme l’occasion pour les prêtres d’approfondir d’avantage le mystère du sacerdoce et il les a exhortés à être de vrais témoins de la vérité dans leur ministère sacerdotal car ‘ceux qui annoncent et témoignent la vérité́ ne meurent jamais’.
« Vous laissez de côté́ le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes ». (Mc 7, 1-13)
En face du fanatisme des Pharisiens et des scribes, Jésus saisit l’occasion d’une question piège, motivée par la ruse pour dénoncer leur hypocrisie et leur méconnaissance du vrai sen de la parole de Dieu. Aucune tradition, aucune culture n’est au-dessus de la parole de Dieu. Jésus, le verbe de Dieu fait chair, est le vrai Maître qui enseigne, interprète et donne le vrai sens à la Loi et aux commandements. C’est lui qui éclaire les cultures par son enseignement.
Chers amis et chers confrères dans le Sacerdoce ministériel,
Cette Assemblée Provinciale de l’UCB qui nous qui nous rassemble ici à Dassa aux pieds de la Vierge Marie Notre Dame d’Arigbo de Dassa-Zoumé̀, nous donnera une belle occasion pour échanger et approfondir d’avantage le mystère du sacerdoce, don suprême que le Christ a fait à chacun de nous pour opérer dans le monde son œuvre de salut. Ce sera aussi pour nous l’occasion de réaffirmer notre réponse d’obéissance et de disponibilité́ de cœur et d’esprit à continuer de vivre la grâce sacerdotale dans laquelle nous plonge incessamment l’amour de Jésus qui nous maintient dans notre vocation au service de l’Église.
Je souhaite à chacun et à tous la bienvenue. Je vous salue très chaleureusement et j’apprécie et encourage votre sens d’Eglise qui a conduit chacun de vous en ces lieux où le corps sacerdotal que nous formons dans l’unique sacerdoce du Christ, va e de plus, je l’espère se consolider par les échanges et s’affermir à travers les temps de prières que nous aurons à vivre ensemble. J’implore sur chacun et sur tous la grâce et la paix de notre Seigneur Jésus-Christ, Lui le Prêtre par excellence qui a daigné dans son grand amour faire de nous ses collaborateurs pour accomplir son œuvre d’amour pour le rayonnement de l’Église au Bénin et partout.
Chers amis, en raison de sa particularité́, cette Assemblée Provinciale de l’Union du Clergé́ Béninois aura à méditer, sur l’identité́ et la mission du prêtre béninois. Cette profonde méditation nous mettra en bonnes dispositions de cœur et d’esprit et nous préparera pour la célébration des 90 ans d’ordination sacerdotale du père DJOGBENOU MOULÉRO Thomas, le premier prêtre de notre pays, notre ancêtre. Au-delà̀ de l’exultation des retrouvailles de ce temps de rencontre, nous devons nous encourager les uns les autres à retrousser les manches pour travailler à l’image du Christ notre repère, en vertu de la grâce sacerdotale qui nous rend forts et solidaires, à nous libérer de tout ce qui nous empêche à vivre notre sacerdoce de manière authentique, et ainsi être capables à aider nos fidèles chrétiens à se libérer du poids du fanatisme politique, culturel et religieux qui a pris depuis plus de cinquante ans le peuple en otage économique et le maintient dans le carcan du sous-développement ambiant.
Ce qui nous rend heureux d’être totalement donnés à l’Eglise et à la société́, c’est la vérité́ de l’évangile. Dire, vivre et témoigner la vérité́ à l’image du Christ qui enseigne que : « La vérité́ libère ». Ceux qui annoncent et témoignent la vérité́ ne meurent jamais, car leur vie et leur message traversent avec éclats et persuasion les siècles sans jamais s’atténuer ou se dénaturer. La vérité́ est éternelle. Une parole sincère a plus de force de persuasion à travailler pour gagner sa vie qu’une fausse promesse de campagne électorale qui ne sera jamais tenue par leurs auteurs. Au regard des souffrances et des difficultés qui sont les nôtres au Bénin, une grande part de responsabilité́ est imputable au mensonge que nous entretenons et à la tiédeur de notre témoignage sacerdotale. Nous ne prêchons pas souvent la vérité́, nous regardons les choses se gâter sans réagir. Nous manquons à notre rôle d’enseignement prophétique qui est de dénoncer et de corriger les égarements du peuple à tous niveaux. C’est ce mensonge-là que le Christ Jésus veut chasser de la vie de ces contemporains quand il prend sur lui de jouer son rôle de prophète.
En les interpelant et les fustigeant d’hypocrites, Jésus amène les pharisiens à porter leur regard non plus sur les autres qui n’arrivent pas à se conformer aux commandements des anciens, mais sur eux-mêmes qui enseignent le respect de ces commandements. Nous voyons là une herméneutique pédagogique qui peut nous inviter au bon témoignage, à la conformité́ de ce que nous enseignons avec ce que nous vivons. C’est une invitation à prendre en bonne considération. Voyons si notre message est toujours en harmonie avec notre vie sacerdotale. Quand les lèvres condamnent la pratique des autres et croient ainsi honorer Dieu, alors que nous pratiquons ce que nous prêchons ou enseignons c’est que le cœur est loin de la volonté́ de Dieu nous dit le Christ.
Ce matin, je veux avec vous insister plutôt sur le rôle de l’enseignement et d’appel à la conversion qui est le nôtre. En tant que prêtres nous ne devons pas s’accommoder avec la complaisance et la subjectivité́, la corruption, l’esprit de facilité, l’irresponsabilité́ et la désinvolture criardes qui s’observent dans notre pays aujourd’hui.
Dans cet extrait d’évangile de Marc que nous méditons aujourd’hui, la parole du Christ est venue briser l’enfermement des Pharisiens et ouvre la voie pour retourner les cœurs vers l’essentiel. Telle doit être notre mission : libérer les fidèles du mensonge des hommes politiques, des nouveaux mouvements religieux, de l’occultisme et du fanatisme de la tradition culturelle, etc. Nous sommes les lieutenants du Christ qui a libéré́ des condamnations et des aliénations de tous genres. Nous qui avons le rôle de guetteur à l’image des prophètes dans l’Ancien Testament nous devons travailler à correspondre notre identité́ de prêtre à cette mission qui fera assez de bien pour notre pays.
À cette célébration eucharistique qui ouvre cette Assemblée, le Christ nous interpelle chacun de nous par cette parole de vérité́ : « Vous aussi, vous laissez de côté́ le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes ». Prions le Seigneur de nous accorder par l’intercession du vénérable Père DJOGBENOU MOULÉRO Thomas la grâce de travailler ensemble pour l’image et le beau portrait de l’idéal du prêtre selon le cœur de Jésus. Comme l’a dit le Pape François : « Il ne faudrait surtout pas que [les multiples initiatives qui remplissent le ministère sacerdotal : catéchèse, liturgie, charité́, enseignement pastoraux et administratifs] pousse le prêtre à perdre de vue [cette] question fondamentale : où est fixé mon cœur, quel trésor cherche-t-il ? Le cœur du prêtre n’est pas replié sur lui-même, il est tourné vers Dieu et vers les frères » (Pape François). Que par l’intercession de Marie, notre Dame des vocations, notre cœur de prêtre soit rivé sur Dieu ainsi que le confesse le psalmiste : « J’ai choisi de me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu tous les jours de ma vie ». (Ps 83, 11)
Le seigneur soit avec vous.
+ François G. GNONHOSSOU, sma
Evêque de Dassa-Zoumé́